La station des Forces canadiennes au Lac St-Denis

La station des Forces Canadienne’s au Lac St-Denis

Sandra Stock

L’un des repères les plus visibles entre Morin-Heights et St-Adolphe d’Howard, dans les Laurentides, était le grand dôme sur la montagne au Lac St-Denis. Cet énorme champignon a survécu au départ des Forces canadiennes lorsqu’elles ont abandonné la base du Lac St-Denis en 1986. En longeant la rive du lac on aperçoit encore quelques vestiges du village où logeait son personnel militaire.

La ligne Pinetree (Pinetree Line), était un réseau de stations de communication radar s’étendant d’ouest en est du Canada et créé au summum de la Guerre froide dans le but de détecter les avions ennemis ou des missiles traversant le ciel nord-américain. Le CFS ou Canadian Forces Station, du Lac St-Denis faisait partie de ce réseau. La base construite entre 1949 et 1952, a ouvert officiellement le 1 er juillet 1952. C’était l’une de quarante-quatre bases similaires à être construites sur le bouclier canadien. Plus au nord, il y avait la Mid-Canada puis la Distant Early Warning au pôle Nord et toutes servaient au même type de détection. Toutefois, ce sont les stations situées sur le bouclier canadien qui logeaient le plus grand nombre de militaires et servaient aussi de base d’entraînement.

Au début, les résidents de Morin-Heights appréhendaient l’installation de la base. Des rumeurs circulaient à l’effet qu’elle servirait au stockage d’armes nucléaires. On même jusqu’à dire que la montagne avait été éventrée à des fins secrètes. Cependant, comme de nombreux civils de la région ont été employés pour la construction de la base ainsi que durant son exploitation, ces rumeurs ont été vite démenties. Le Commandement aérien des Forces canadiennes a même développé un programme de relations publiques en organisant les Journées de l’Armée de l’air, et en offrant des visites guidées dans la plupart des bases sur le territoire canadien. De nombreuses familles étaient postées au Lac St-Denis et leurs enfants allaient à l’école de Morin-Heights. Notre école a grandement bénéficié de la présence de ces familles grâce à des subventions gouvernementales qui ont permis son expansion pour accueillir leurs enfants. Bientôt, les Forces canadiennes faisaient partie de la communauté. Durant les années 1950 et 1960, la population de la région a participé à plusieurs activités à la base. Elle avait accès au superbe centre récréatif, à sa patinoire de curling et à sa piscine intérieure : un vrai luxe pour les gens de la région.

Les familles du personnel logeaient sur les rives du lac où étaient également installés les résidences pour le personnel masculin et féminin célibataire. Les femmes militaires ont joué un rôle important durant les premières années d’opération de la base mais leur rôle a progressivement diminué pour clore en septembre 1962.

Au début des années soixante, les équipements, radar et autres, se sont automatisés entraînant des coupures importantes dans le personnel. En 1986, la base a finalement fermé ses portes, laissant au dôme le rôle d’être un fier témoin des activités passées.

Le secteur privé a initié divers projets afin de faire revivre ces lieux mais rien n’a vraiment fonctionné. Un centre de soins pour malades chroniques a été l’un des premiers projets mais a vite été abandonné dû à de nombreuses difficultés dans ses relations avec la municipalité de St-Adolphe et avec son financement. Un parc d’amusement/centre de villégiature a opéré pendant quelques années. On a fini par démolir le dôme, utilisant sa base pour construire un château où des événements à thématiques médiévales étaient tenus. Puis, on y a aménagé un restaurant et encore une fois, le succès fut de courte durée. Il est maintenant question qu’un développement hôtelier y voit le jour.

(Courtoisie du Laurentian Sun, février 2007)